welease article cover

Qui est Luca de Meo, le nouveau directeur général de Renault ?

L’ancien patron de Seat devient le directeur général de Renault le 1er juillet 2020. Découvrez son CV et sa personnalité.

Le 1er juillet prochain est un tournant pour le Losange. L’homme d’affaires italien Luca de Meo prend en effet le poste de directeur général du Groupe Renault. Le conseil d’administration de la marque l’a annoncé à l’issue d’une réunion convoquée le 28 janvier dernier. Selon Le Figaro, les négociations avec le groupe Volkswagen – il était patron de Seat et faisant l’objet d’une clause de non-concurrence – ont été « âpres ».

L’homme de 52 ans fera face à une mission complexe. Il devra améliorer la rentabilité de la marque, renouer des liens de confiance avec Nissan et redonner confiance aux investisseurs (l’action Renault a dévissé de moitié en 18 mois), notamment après la crise provoquée par la pandémie de Covid-19.

Biographie Luca de Meo

Luca de Meo est né le 13 juin 1967 à Milan. Il suit à la fin des années 1980 des études en administration des affaires à l’Université Bocconi de Milan. Prestigieux, cet établissement privé figure dans le peloton de tête des écoles de commerce européennes. Sur la liste des anciens élèves figure les noms de Mario Monti (ancien président du Conseil italien), Vittorio Colao (ancien patron de Vodafone) ou Emma Bonino (ancienne ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Letta). L’étudiant rend notamment un mémoire sur l’éthique dans le milieu de l’entreprise.

Il entre dans l’industrie automobile dès sa vingtaine, chez Renault puis chez Toyota Europe. Mais c’est chez Fiat qu’il se fait remarquer, en devenant l’un des protégés de Sergio Marchionne. Homme de réseau et de marketing, il fut notamment l’un des instigateurs du retour de la Fiat 500 en 2007. Mais les relations entre les deux hommes se dégradent au moment de la crise financière. En effet, Luca de Meo dirige notamment Alfa Romeo. Mais on lui assigne des objectifs commerciaux impossibles à tenir tout en réduisant les investissements, rappelle Bloomberg.

Il rejoint alors Volkswagen, occupant la fonction de directeur marketing de la marque et du groupe. On le retrouve plus tard aux commandes des ventes et du marketing d’Audi. En 2015, Luca de Meo est envoyé en Catalogne pour piloter le redressement de la marque Seat... au moment précis où se déclenche le scandale du Dieselgate.

Luca de Meo peut s’enorgueillir des excellents résultats de Seat ces trois dernières années. En 2018, la marque a vendu plus de 400 000 véhicules en Europe : Martorell n’avait pas obtenu de tels résultats depuis 2004. Aujourd’hui, Seat est la marque du groupe Volkswagen qui possède la clientèle la plus jeune. Elle a surtout cessé de perdre de l’argent depuis quatre ans.

Les graines de ce succès ont cependant été plantées par son prédécesseur, Jürgen Stackmann. Ce dernier avait notamment obtenu l’introduction dans la gamme des SUV Ateca et Arona, qui figurent aujourd’hui parmi les best-sellers de la marque et représentent près de 40 % des immatriculations. De Meo y a ajouté sa patte en détachant la marque Cupra, en portant l’accent sur la connectivité (Alexa ou Shazam sont proposés dans les véhicules) ou en proposant des plans de financement innovants aux clients.

Nous avons eu la possibilité de rencontrer Luca de Meo il y a trois ans. L’homme s’était montré chaleureux et convaincant. En plus de sa langue natale, l’italien, il maîtrise parfaitement le français, l’anglais, l’allemand et l’espagnol. Il détonne avec les sérieux et froids responsables du groupe Volkswagen.

« C’est quelqu’un de profondément humain, il va souvent à la rencontre des ouvriers pour mesurer l’ambiance. Il n’hésite pas à se rendre sur place lorsqu’il entend parler d’un problème » expliquait un proche collaborateur de l’Italien à notre confrère Nabil Bourassi de La Tribune.

Autant de traits de personnalité qui contrastent avec la dureté évoquée au sujet de Thierry Bolloré ces derniers mois. Et qui se rapprochent davantage de la méthode utilisée par Jean-Dominique Senard pour redresser l’Alliance Renault-Nissan depuis la fin de l’ère Carlos Ghosn.